Lepessimisme est d'humeur; l'optimisme est de volonté. (Alain) Il faut être enthousiaste de son métier pour y exceller (Denis Diderot) Qui veut faire quelque chose trouve un moyen, qui ne veut rien faire trouve une excuse. (Proverbe arabe) Ne pas se moquer, ne pas se lamenter, ne pas détester, mais comprendre (Baruch Spinoza) Si vous avez confiance en vousmêmes, vous
Le pessimisme est d'humeur, l'optimisme est de volonté" 13 février 2014 "Le pessimisme est d'humeur, l'optimisme est de volonté" Notre ville se meurt lentement. Alors que dans les vingt dernières années, la population de SAILLANS s'est accrue de 25% et celle du Département de 20%, celle de la ville de DIE régresse. Pour l'essentiel, c'est l'arrivée de
Il faut allier le pessimisme de la raison à l'optimisme de la volonté", écrivait GRAMSCI dans ses carnets de prison. Selon la signification que l'on accorde aux concepts de raison et de
Cettecitation de Alain : Le pessimisme est d'humeur ; l'optimisme est de volonté. , fait partie des plus belles citations et pensées que nous vous proposons de Alain . Vous pouvez consulter les
Lepessimisme ainsi entendu est un nihilisme axiologique, se rapportant à la valeur du monde, qui fait du néant quelque chose de préférable à l'existence. Le terme « pessimisme » apparaît en 1759 dans un magazine littéraire (L' Observateur littéraire ), l'année où est publiée Candide ou l'optimisme de Voltaire 1.
RT@JulienBargeton: Fin de l’abondance, de l’évidence, de l’insouciance : au-delà du rythme ternaire, sa beauté formelle, le discours du Président fixe un cap, une vision. La politique c’est dire ce qu’on voit et se confronter au réel. Gravité, pessimisme de la
. DĂ©sormais sĂ»r de lui, le prĂ©sident parle sans dĂ©tour de Bemba, de la guerre Ă l’Est, de la corruption, des mobutistes et de Sankara. CitĂ© de l’Union africaine, quartier du mont Ngaliema, Kinshasa, mardi 12 juin en dĂ©but de matinĂ©e. Joseph Kabila, 36 ans, reçoit Jeune Afrique pour sa première grande interview depuis le dĂ©but de l’annĂ©e. La veille encore, il portait au menton la barbe naissante des jeunes sages, qu’il lui arrive de laisser pousser. Mais c’est rasĂ© de près, en costume taillĂ© sur mesure, qu’apparaĂ®t le prĂ©sident congolais. Lisse, net, presque impĂ©nĂ©trable. Sur son bureau, qui fut celui de son père assassinĂ© en 2001, un ordinateur, un dictionnaire anglais-français, des dossiers aux couleurs de la RĂ©publique, un livre d’art sur la Turquie et, derrière, posĂ©e sur une Ă©tagère, une photo de lui-mĂŞme avec Jacques Chirac sur le perron de l’ÉlysĂ©e. Fauteuils de cuir moutarde, tapis orientaux. L’ensemble est clair, impersonnel, un rien kitsch. Ă€ l’écouter parler de sa voix Ă la fois adolescente et mĂ©tallique, dans un français impeccable – que de progrès en ce domaine depuis six ans ! -, on se demande comment le fils du très autoritaire et tonitruant Laurent-DĂ©sirĂ© Kabila peut porter sur ses Ă©paules le poids d’un pays continent aussi peuplĂ© que la France. Élu en octobre 2006 avec 58 % des voix, cet homme secret, introverti et Ă©nigmatique recèle en vĂ©ritĂ© une grande habiletĂ© politique, une Ă©vidente force de caractère, un vrai courage physique, et cette sorte d’aura ambiguĂ« que projettent autour d’elles les personnalitĂ©s indĂ©chiffrables aux rĂ©actions imprĂ©visibles. De son père omnipotent et Ă©crasant, Joseph Kabila a hĂ©ritĂ© une tendance Ă se mĂ©fier de ses congĂ©nères – il n’a, parmi ses pairs chefs d’État, aucun vĂ©ritable ami – mais aussi un sens exacerbĂ© du patriotisme et de la puissance potentielle du Congo. L’apprenti maladroit et mutique des premières annĂ©es, que l’on disait manipulĂ© par le clan des Katangais » et que les prĂ©sidents recevaient avec condescendance et paternalisme, a cĂ©dĂ© la place Ă un homme sĂ»r de lui, Ă l’humour acide et dont la rĂ©serve naturelle ne passe plus dĂ©sormais pour de la timiditĂ©. Chez lui, il le sait, la situation reste mouvante. Du Bas-Congo aux deux Kivus, les tensions sont toujours vives. Alors que le riche Katanga rĂŞve d’autonomie les yeux rivĂ©s sur l’Afrique australe, Kinshasa, mĂ©gapole polluĂ©e, vibrante et anarchique de sept millions d’habitants, peine Ă se relever. Partout, les fruits de la paix et de la dĂ©mocratie se font attendre pour une population exsangue, prompte Ă fustiger les lenteurs et les lourdeurs d’un gouvernement obèse. Quant Ă l’état de grâce, il est mort les 22 et 23 mars dernier, lorsque la Garde rĂ©publicaine a taillĂ© en pièces les miliciens du sĂ©nateur Jean-Pierre Bemba, en plein cÂśur de la capitale. En quasi-exil au Portugal depuis deux mois et demi, celui qui fut le principal adversaire de Joseph Kabila Ă la prĂ©sidentielle de 2006, recueillant 42 % des voix au second tour, ne semble pas près de rentrer Ă Kinshasa, tant son Ă©loignement arrange tout le monde – y compris ses propres lieutenants et le prĂ©sident du SĂ©nat, l’ex-dinosaure mobutiste Kengo wa Dondo. De tout cela et de bien d’autres choses, Kabila parle ici sans dĂ©tour, cartes sur table. Ă€ l’issue de notre entretien, dans une grande salle voisine, face Ă soixante ministres et vice-ministres, sagement assis avec, Ă sa droite, Antoine Gizenga, 82 ans, Premier ministre aux allures de patriarche, le chef de l’État congolais a prĂ©sidĂ© le Conseil de gouvernement. Lorsque, après avoir scannĂ© la salle de ses yeux perçants, il a pris la parole d’une voix douce pour nous demander de bien vouloir respecter le huis clos des dĂ©bats, on aurait pu entendre les mouches voler. Qui a dit que Joseph, fils du mzee, n’avait pas de charisme ? Jeune Afrique Au lendemain de votre Ă©lection, il y a huit mois, vous avez dĂ©fini cinq chantiers prioritaires. Cinq dĂ©fis que vous avez promis de relever pendant votre mandat les infrastructures, la santĂ©, l’éducation, l’habitat, l’eau et l’électricitĂ©. D’ici Ă 2011, en si peu de temps, la tâche paraĂ®t gigantesque. Vous n’avez pas vu trop grand ? Joseph Kabila Le mandat de cinq ans, ce n’est pas moi qui en ai dĂ©fini la durĂ©e, c’est la Constitution. Mais n’ayez crainte en 2011, chacun de ces cinq chantiers aura considĂ©rablement Ă©voluĂ©. Il y faut, certes, des moyens, bien au-delĂ des 180 millions de dollars octroyĂ©s par la Banque mondiale ou des malheureux 25 millions du FMI. Le gouvernement et moi, nous nous battons pour cela. C’est l’étape actuelle. Il y faut aussi des conditions. La bonne gouvernance en est une. Dans vos discours, vous ne cessez de fustiger ce que vous appelez les antiÂvaleurs » corruption, gabegie, dĂ©tournements, etc. Fort bien. Sauf que ce terme d’ antivaleurs » a Ă©tĂ© forgĂ© par un certain Mobutu Sese Seko, qui prĂ©tendait lutter contre, avec les rĂ©sultats que l’on connaĂ®t. Quelles garanties ont les Congolais que l’Histoire ne se rĂ©pĂ©tera pas ? Mobutu pouvait effectivement faire ce genre de promesses sans que cela soit suivi d’effets. Mais le gouvernement d’aujourd’hui n’est pas celui de Mobutu. Il est issu d’élections dĂ©mocratiques qui se renouvelleront Ă l’avenir et il a donc tout intĂ©rĂŞt Ă tenir ses obligations de rĂ©sultats. Deux exemples la rĂ©forme en cours de la justice et la Commission de rĂ©vision des contrats miniers. Et puis, c’est une affaire de conviction. La bonne gouvernance est une exigence des Congolais, je me dois d’y rĂ©pondre. Les Congolais semblent déçus tout de mĂŞme par les lenteurs du gouvernement. L’état de grâce est terminĂ©, et le dĂ©senchantement pointe. En avez-vous conscience ? Nul n’est plus pressĂ© dans ce pays que le prĂ©sident de la RĂ©publique. Nul n’est plus impatient que moi de voir des rĂ©sultats. Mais le Congo est un gĂ©ant endormi depuis quarante ans et qui commence tout juste Ă se rĂ©veiller. Ce n’est pas une mince affaire, en tout cas pas une affaire de huit mois. Nous sortons de plusieurs annĂ©es de guerre, ne l’oubliez pas. Cela dit, je comprends la frustration des gens, elle est lĂ©gitime. Mais qu’on nous laisse travailler un peu avant de juger ce gouvernement. En septembre prochain, il sera possible de tirer un premier bilan. Votre Premier ministre Antoine Gizenga est une personnalitĂ© Ă©minemment respectable. Un monument historique, dit-on. Mais il a 82 ans et derrière lui une vie Ă©prouvante. Son âge n’est-il pas un handicap ? Je ne le pense pas et je me garderai bien d’émettre sur son action un jugement prĂ©maturĂ©. Je vois plutĂ´t qu’il travaille et que son gouvernement travaille. Pour le reste, je vous l’ai dit, attendons septembre. Jean-Pierre Bemba, votre principal adversaire politique, qui a recueilli 42 % des voix lors de l’élection prĂ©sidentielle, vit depuis plus de deux mois au Portugal dans une sorte d’exil qui ne dit pas son nom. N’est-ce pas lĂ un ratĂ© de taille dans le fonctionnement de la toute jeune dĂ©mocratie congolaise ? Écoutez. SĂ©golène Royal a obtenu 47 % Ă la prĂ©sidentielle française. Est-elle partie se cacher ou se soigner en Nouvelle-ZĂ©lande ? Non. Elle est restĂ©e Ă Paris pour se battre sur le terrain politique. Le dysfonctionnement est ailleurs. Si M. Bemba est parti, c’est que le terrain sur lequel il a voulu jouer le troisième tour des Ă©lections – et sur lequel il a perdu – n’avait rien de politique. Les Ă©vĂ©nements des 22 et 23 mars dernier ont Ă©tĂ© très graves. Il est indispensable d’en identifier les responsables et de les traduire en justice, sinon on risque de ne jamais en finir avec l’impunitĂ© dans ce pays. Ce que je dis lĂ est Ă©galement valable pour les Ă©vĂ©nements du Bas-Congo, fin janvier, et pour ceux de l’Ituri. Le sĂ©nateur Bemba est, certes, parti de Kinshasa le 11 avril avec l’autorisation du prĂ©sident du SĂ©nat. Mais la justice congolaise, elle, rĂ©clame son dĂ». Le procureur gĂ©nĂ©ral de la RĂ©publique a ouvert une enquĂŞte et demandĂ© la levĂ©e de l’immunitĂ© parlementaire de M. Bemba. Laissons donc la justice faire son travail. Quelle est votre analyse des Ă©vĂ©nements de mars ? Certains, dans votre entourage, assurent que Jean-Pierre Bemba voulait s’emparer du pouvoir par la force – ce que ce dernier dĂ©ment formellement. D’autres avancent la thèse de la panique Bemba refusait de dĂ©sarmer sa garde parce qu’il craignait pour sa sĂ©curitĂ© Il y a un peu de tout cela. De l’affolement sans doute, mais aussi une volontĂ© de porter atteinte aux institutions Ă©lues de ce pays. Le rĂ©sultat, vous le connaissez. Vingt-quatre heures de combat Ă Kinshasa et beaucoup de vies fauchĂ©es. Combien ? Un ambassadeur europĂ©en a parlĂ© de deux cents Ă six cents morts. C’est exagĂ©rĂ©. Plus d’une centaine, sans doute, dont les militaires et les policiers. Mais une centaine de trop. Avez-vous reçu l’aide de troupes angolaises ? Non, absolument pas. Pourtant, cela se dit et se publie toujours. Vous savez, la rumeur, ici, c’est comme une maladie grave. Elle emporte toujours ceux qui la propagent. La communautĂ© internationale vous a accusĂ© d’avoir fait Ă cette occasion un usage disproportionnĂ© de la force. Que rĂ©pondez-vous ? Lorsque l’armĂ©e libanaise utilise ses chars lourds et ses hĂ©licoptères de combat pour venir Ă bout de deux Ă trois cents miliciens islamistes terrĂ©s dans un camp de rĂ©fugiĂ©s, tout le monde trouve cela normal. Ă€ Kinshasa, nous avions six cents rebelles en face de nous. Aucun hĂ©licoptère n’est entrĂ© en action et très peu de blindĂ©s. J’ai privilĂ©giĂ© l’usage de l’infanterie sur celui des chars, afin de rĂ©duire le nombre des victimes. Ă€ cause de cela, nous avons perdu plus de quarante hommes. Soyons sĂ©rieux l’usage de la force a Ă©tĂ© tout Ă fait proportionnel Ă la menace, voire en deçà . Souhaitez-vous que la procĂ©dure ouverte contre le sĂ©nateur Bemba aille Ă son terme ? Je crois que c’est le souhait de tout le monde. En tant que garant de la Constitution, je dois faire en sorte que ces Ă©vĂ©nements ne se reproduisent pas. Il est donc nĂ©cessaire que la justice fasse son travail. Quel Ă©tait, selon vous, l’objectif de Jean-Pierre Bemba ? Je vous l’ai dit. La prise du pouvoir. Et que comptait-il faire de vous dans cette hypothèse ? M’éliminer physiquement. En ĂŞtes-vous sĂ»r ? Il le disait ouvertement Ă tout le monde, en plein Kinshasa ce sera moi ou lui », aujourd’hui, on va le tuer ». Quand on regarde bien le plan de progression de ses troupes les 22 et 23 mars, il est clair que son but Ă©tait de prendre d’assaut ma rĂ©sidence. Que voulez-vous de plus ? Vos proches ont ouvertement critiquĂ© le comportement des Casques bleus de la Monuc lors de ces Ă©vĂ©nements. Partagez-vous ces accusations de passivitĂ© ? J’avoue que je me pose certaines questions. La Monuc n’a pas de rĂ´le proactif, et c’est lĂ tout le problème. Les Casques bleus Ă©taient prĂ©sents tout autour du QG de Bemba quand les miliciens droguĂ©s en sont sortis pour s’attaquer Ă la police et Ă l’armĂ©e. Ils sont restĂ©s l’arme au pied sans intervenir. Il y a de quoi s’interroger. Une rĂ©conciliation est-elle encore possible entre vous et M. Bemba ? En tant que chef de l’État, je n’en fais pas une affaire personnelle. Mais il faut que la justice passe. Et s’il se dĂ©cidait finalement Ă accepter les conditions sĂ©curitaires prĂ©vues par les accords de novembre 2006 pour les anciens vice-prĂ©sidents, c’est-Ă -dire douze gardes du corps et pas un de plus, pourriez-vous passer l’éponge ? Il faudra y rĂ©flĂ©chir Ă deux fois. Après ce qui s’est passĂ©, tout est Ă revoir. Je vous le rappelle il y a eu des morts, beaucoup de morts. Et le temps de l’impunitĂ© est rĂ©volu. De très violents affrontements ont opposĂ© il y a cinq mois votre armĂ©e aux membres du mouvement Bundu dia Kongo, dans la province du Bas-Congo, faisant plus de trois cents morts. Saura-t-on un jour qui est responsable ? J’y compte bien. Une commission d’enquĂŞte s’est rendue sur le terrain Ă la demande du procureur gĂ©nĂ©ral. Nous attendons Ă©galement la levĂ©e de l’immunitĂ© parlementaire d’un dĂ©putĂ© directement impliquĂ© dans ces incidents1. L’AssemblĂ©e nationale vient d’examiner ce dossier. J’attends son rapport, car j’aimerais bien, moi aussi, savoir exactement ce qui s’est passĂ©. N’y a-t-il pas eu une occasion manquĂ©e au lendemain de votre Ă©lection ? Pourquoi n’avez-vous pas profitĂ© de votre victoire pour tendre la main Ă Jean-Pierre Bemba et l’inclure dans une formule d’union, une sorte de partage du pouvoir ? C’eĂ»t Ă©tĂ© au contraire une erreur historique. Les Ă©lections dĂ©mocratiques de 2006 ont Ă©tĂ© une vraie rĂ©volution, et il Ă©tait hors de question de donner aux Congolais l’impression que rien n’avait changĂ©. Qu’est-ce qui a plombĂ© ce pays pendant des dĂ©cennies, si ce n’est prĂ©cisĂ©ment cette conception du pouvoir comme un gâteau Ă partager ? Pour les politiciens de cette Ă©poque, l’État et la nation Ă©taient de simples slogans, seul comptait leur intĂ©rĂŞt propre Je suis ministre ou PDG, j’ignore de quoi demain sera fait, il faut donc que j’accumule tout de suite. » Une culture de la prĂ©dation qui a donnĂ© les rĂ©sultats que l’on connaĂ®t. Je suis un homme de consensus, je ne suis donc pas, dans le fond, hostile Ă l’ouverture. Mais Ă condition que ceux qui entrent au gouvernement ne cherchent pas Ă le saboter. Et puis, la question se pose-t-elle vraiment ? Je crois me souvenir que Jean-Pierre Bemba s’est prononcĂ© contre un gouvernement d’union nationale et que son parti a adoptĂ© la mĂŞme position Ă l’égard du Premier ministre Gizenga. Aurais-je dĂ» les supplier de nous rejoindre ? Vous me connaissez mal Depuis, l’opposition semble avoir pris la tĂŞte du SĂ©nat. Avez-vous Ă©tĂ© surpris par l’élection de Kengo wa Dondo Ă la prĂ©sidence de la Chambre haute du Parlement ? En politique, il faut s’attendre Ă tout. Je suis un dĂ©mocrate, je l’ai prouvĂ©, j’ai donc acceptĂ© ce rĂ©sultat sans Ă©tat d’âme. D’autant plus que Kengo a Ă©tĂ© Ă©lu avec des voix issues de votre propre majoritĂ© Oh, vous savez, j’ai moi aussi Ă©tĂ© Ă©lu avec des voix issues de l’opposition ! Derrière Kengo wa Dondo, les anciens mobutistes ont fait un retour en force au SĂ©nat. Mokolo wa Mpombo, Mario Cardoso, Bemba Saolona, Lunda Bululu Tous y occupent des postes importants. Ce n’est pas Ă©vident de devoir cohabiter avec les collaborateurs de celui que votre père a combattu pendant quarante ans Notre combat Ă©tait dirigĂ© contre un rĂ©gime et un système, le mobutisme. Aujourd’hui, le mobutisme a disparu. Tous ceux qui ont travaillĂ© avec Mobutu sont dĂ©sormais des citoyens comme les autres, avec les mĂŞmes devoirs et les mĂŞmes droits, dont celui de faire partie de l’élite politique de ce pays. Ceux dont vous parlez ont Ă©tĂ© Ă©lus. C’est cela aussi la dĂ©mocratie. Je ne pense pas qu’ils ont pour objectif de restaurer les habitudes et les errements du passĂ©. Si tel Ă©tait le cas, nous leur barrerions la route. Pourriez-vous travailler avec Kengo ? Quand on est parvenu Ă travailler – difficilement, j’en conviens – avec quatre vice-prĂ©sidents, dont deux anciens rebelles, et Ă organiser les premières Ă©lections gĂ©nĂ©rales libres dans l’histoire du Congo, je crois que l’on peut travailler avec tout le monde. Moi, en tout cas, je travaille avec tout le monde, sauf avec le diable. Et Kengo n’est pas le diable. En septembre prochain, ce sera le dixième anniversaire de la mort de Mobutu au Maroc. Pourquoi ses cendres n’ont-elles toujours pas Ă©tĂ© rapatriĂ©es chez lui, Ă Gbadolite ? Dès 2001, j’ai envoyĂ© Ă Rabat une dĂ©lĂ©gation s’entretenir de cette question avec la famille du dĂ©funt marĂ©chal. Mon souhait Ă©tait et demeure que la dĂ©pouille soit ramenĂ©e au Congo pour y ĂŞtre inhumĂ©e. Qu’est-ce qui bloque ? Je crois que vous devriez poser la question Ă son fils, le ministre d’État Nzanga Mobutu. Peut-ĂŞtre y a-t-il des divergences Ă ce sujet au sein mĂŞme de la famille. En ce qui me concerne, en tout cas, je ne vois aucun obstacle Ă ce qu’un ancien chef de l’État soit enterrĂ© dans son pays de la façon la plus officielle qui soit. L’État congolais compte-t-il s’opposer Ă la rĂ©cupĂ©ration par la famille Mobutu de quelque 6 Ă 7 millions de dollars bloquĂ©s dans des banques suisses et qui pourraient ĂŞtre dĂ©gelĂ©s en 2008 ? Six millions seulement ? Je crois me souvenir qu’à une certaine Ă©poque, il y en avait beaucoup, beaucoup plus. Ă€ un moment, l’État congolais avait entamĂ© des dĂ©marches pour recouvrer cet argent. Ces dĂ©marches n’ont pas, depuis, Ă©tĂ© poursuivies, d’oĂą la perspective que vous Ă©voquez. Pour l’instant, je n’ai pas ce dossier en main. Je verrai. Comptez-vous rouvrir un jour le procès des assassins prĂ©sumĂ©s de votre père, qui ont Ă©tĂ© jugĂ©s et condamnĂ©s Ă de très lourdes peines ? Ou persistez-vous Ă dire qu’il n’y aura ni pardon ni rĂ©vision ? Le terme d’assassins prĂ©sumĂ©s n’est pas correct puisque, comme vous le dites vous-mĂŞme, ils ont Ă©tĂ© jugĂ©s et reconnus coupables. Dès lors, je ne vois pas pourquoi nous devrions rouvrir ce procès. C’est clair. De nombreux Congolais prĂ©fèrent toujours vivre en exil Je m’insurge contre ceux qui fuient leur pays en invoquant de prĂ©tendus prĂ©textes de sĂ©curitĂ©, alors qu’ils le font pour des motifs purement alimentaires. Les anciens dignitaires mobutistes sont pour la plupart revenus en toute libertĂ©. Beaucoup ont recouvrĂ© leurs biens en justice ou tentent de le faire. Quand l’armĂ©e congolaise sera-t-elle en mesure d’assurer la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure et extĂ©rieure du pays ? Chaque jour, cette armĂ©e monte un peu plus en puissance. Je me suis donnĂ© deux ans pour former des unitĂ©s combattantes capables de dĂ©fendre notre intĂ©gritĂ© nationale. C’est un processus qui s’achèvera avec l’intĂ©gration de toutes les forces armĂ©es congolaises prĂ©sentes sur notre sol. Y compris la Garde rĂ©publicaine, dont deux bataillons ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© intĂ©grĂ©s. Vous avez critiquĂ© le rĂ´le de la Monuc lors des Ă©vĂ©nements de mars. Ce contingent, fort de 17 000 hommes, doit-il rester et, si oui, jusqu’à quand ? La Monuc joue un rĂ´le essentiel. Mais elle doit ĂŞtre beaucoup plus efficace. Quand on voit ce qui se passe Ă l’est du pays, oĂą sont concentrĂ©es 80 % de ses forces, on se pose mille et une questions. Si la Monuc ne devient pas plus active, si elle n’obtient pas de meilleurs rĂ©sultats sur le terrain, si le Conseil de sĂ©curitĂ© ne lui donne pas des instructions en ce sens, sa prĂ©sence mĂŞme n’aura plus peu Ă peu sa raison d’être. DĂ©jĂ , les populations de l’Est se demandent parfois Ă quoi elle sert. Le gĂ©nĂ©ral Laurent Nkunda et ses sept mille miliciens du Nord-Kivu font-ils, Ă vos yeux, partie des forces nĂ©gatives » Ă Ă©radiquer, ou espĂ©rez-vous encore le ramener au bercail ? Écoutez. Le statut de M. Nkunda est clair. Il a Ă©tĂ© nommĂ© gĂ©nĂ©ral de brigade par le gouvernement en 2003, avec une affectation prĂ©cise le commandement de la 8e rĂ©gion militaire du Nord-Kivu. Lui et d’autres officiers ont refusĂ© de prĂŞter serment et de regagner leurs bases, entrant ainsi en dissidence. En 2004, après avoir rassemblĂ© des centaines de jeunes gens armĂ©s, il a fait mouvement vers le Sud-Kivu et s’est emparĂ© par la force de la ville de Bukavu. Et cela au vu et au su de la Monuc et de la communautĂ© internationale, qui voudraient aujourd’hui nous voir nĂ©gocier avec ce monsieur. Trois jours plus tard, nous avons repris Bukavu. Nkunda et sa bande se sont alors repliĂ©s au Nord-Kivu. Un mandat d’arrĂŞt a Ă©tĂ© dĂ©livrĂ© contre lui par la justice militaire. Fin 2006, il a de nouveau puisĂ© des effectifs au sein de deux brigades non encore intĂ©grĂ©es afin d’attaquer la localitĂ© de Goma, objectif que nous l’avons empĂŞchĂ© d’atteindre. J’ai nĂ©anmoins proposĂ©, au dĂ©but de cette annĂ©e, que le processus d’intĂ©gration des hommes de Nkunda au sein de l’armĂ©e nationale se poursuive, en commençant par l’étape de l’identification. Nous en sommes lĂ . Mais je dois dire que M. Nkunda n’est pas un cas unique. Il y a, au Nord-Kivu, un certain nombre de criminels de guerre recherchĂ©s par la justice nationale et internationale, qui ont fait de cette rĂ©gion leur bastion. Il y a aussi, dans l’Est, quelques milliers d’irrĂ©dentistes hutus rwandais opposĂ©s au rĂ©gime de Kigali, ex-gĂ©nocidaires et Interahamwes de la première, voire de la seconde gĂ©nĂ©ration Six mille hommes Ă peu près, soit cinq fois moins qu’il y a dix ans. Pour eux, il y a deux options soit ils dĂ©posent les armes et rentrent chez eux au Rwanda, soit nous les dĂ©sarmons de force et nous les expulsons. Pensez-vous que Laurent Nkunda bĂ©nĂ©ficie du soutien du Rwanda ? J’espère bien que non. Mais, dans la rĂ©gion des Grands Lacs, tout est possible Pourquoi n’y a-t-il toujours pas eu d’échange d’ambassadeurs entre Kinshasa et Kigali ? La rĂ©ouverture des ambassades, c’est l’étape ultime. Si cela intervient dans six mois, un an ou cinq ans, je veux que ce soit sur des bases solides et sans aucune suspicion rĂ©ciproque. Auparavant, nous devons rĂ©gler une fois pour toutes ce casse-tĂŞte des groupes armĂ©s entretenus par l’un ou l’autre pays contre son voisin. Vous avez Ă©voquĂ© le cas Nkunda, mais il y a d’autres groupes, jusqu’en Ituri. Avec l’Angola, un diffĂ©rend frontalier vous oppose Ă propos d’une demi-douzaine de villages de la rĂ©gion de Kahemba, dans le Bandundu. Ne craignez-vous pas que cela dĂ©gĂ©nère en conflit ouvert ? Absolument pas. Nous avons de très bonnes relations avec les autoritĂ©s de Luanda. Cette affaire est simple dans cette zone comme tout le long de notre frontière avec l’Angola et la Zambie, il existe des endroits mal dĂ©limitĂ©s, d’autant que nous avons de part et d’autre des populations Ă la fois identiques et mouvantes. D’oĂą des contradictions. En l’occurrence, il s’agit de villages congolais Ă la population mixte. Des commissions conjointes ont travaillĂ©, des enquĂŞtes ont eu lieu. Il faut maintenant avoir recours Ă une technologie moderne afin de fixer une fois pour toutes le tracĂ© commun tout le long de la frontière – soit 2 500 kilomètres. Vous vous ĂŞtes rendu dĂ©but juin au Congo-Brazza. Ă€ l’issue de cette visite officielle, vous avez eu une petite phrase qui prĂŞte Ă interprĂ©tation J’ai passĂ© la nuit Ă Brazzaville et je suis toujours vivant. » C’était de l’humour ? Ă€ votre avis ? Bien sĂ»r. Je faisais rĂ©fĂ©rence Ă la rumeur, toujours la rumeur, selon laquelle les autoritĂ©s de Brazzaville seraient nos ennemies jurĂ©es, alors que mes rapports avec le prĂ©sident Sassou Nguesso sont excellents. Il faut parfois savoir sourire de la rumeur. Regrettez-vous Jacques Chirac ? C’est un homme bien. Il a, je crois, puisqu’il me l’a dit, une affection particulière pour l’Afrique et aussi pour moi. Un monsieur bien, donc Vous avez encore un problème, disons de visibilitĂ©, Ă l’égard des Congolais. Ils se plaignent de ne pas vous voir, de ne pas vous entendre. Seriez-vous fâchĂ© avec la communication ? Et, pourtant, le prĂ©sident est lĂ ! Et il travaille, sans repos ni vacances. Cela fait plus de dix ans que je mène cette vie quasi monacale, sans compter les annĂ©es au maquis. J’ai beau ĂŞtre encore jeune, il arrive que le corps se fatigue. Devrais-je communiquer sur cela ? Je vais bientĂ´t commencer de longues tournĂ©es Ă l’intĂ©rieur du pays, comme je l’avais promis. LĂ , vous me verrez, vous m’entendrez. Mais si c’est du culte de la personnalitĂ© que vous recherchez, vous risquez d’attendre longtemps. Avez-vous changĂ© ? Oui, et mon pays aussi. Lorsque je regarde en arrière, je me dis que j’ai acquis, en termes d’expĂ©rience et de sagesse, ces six dernières annĂ©es, ce que d’autres accumulent pendant toute une vie. Quant au Congo, il est de retour dans la cour des grands de ce continent. On ne tardera pas Ă s’en apercevoir. Certains de vos pairs l’ont dit. Avant de changer d’ rĂ©vision en cours d’une soixantaine de contrats miniers signĂ©s pendant la pĂ©riode de transition ne risque-t-elle pas de gĂŞner certains membres de votre entourage ? Cela ne me gĂŞne pas Ă titre personnel, ni aucun de mes proches. De quoi s’agit-il ? D’une Ă©valuation de la situation, cinq ans après l’adoption du code minier en 2002 qu’est-ce qui n’a pas marchĂ© ? Comment corriger les erreurs ? Comment mieux profiter des rĂ©ussites ? C’est une dĂ©marche responsable qui n’a qu’un seul but la rĂ©appropriation par le Congo de son patrimoine minier. Il ne s’agit pas de rĂ©gler des comptes avec tel ou tel partenaire Ă©tranger ou congolais, mais de se dire, les yeux dans les yeux, ses quatre gouvernement compte soixante ministres et vice-ministres. ĂŠtes-vous sĂ»r qu’aucun d’entre eux ne songe Ă profiter de son poste pour s’enrichir ? Je l’ai clairement dit en Conseil des ministres ce type de mentalitĂ© est dĂ©sormais si l’un d’entre eux est attrapĂ© la main dans le sac ? Sa destination est toute trouvĂ©e la prison de qui pensez-vous ? Je ne vous le dirai pas ! Une chose est sĂ»re quand on fera le bilan en septembre prochain, il y aura beaucoup de candidats pour le mois de septembre sera dĂ©cisif Ce gouvernement aura six mois d’exercice plein. Il faudra faire le point, redresser ce qui doit l’être et planifier la suite. L’annĂ©e 2008 devra ĂŞtre celle de la vraie relance Ă©conomique. Les Ă©quipements ont Ă©tĂ© commandĂ©s, les chantiers sont dĂ©finis, place au dĂ©collage. Avec une dette publique de 14 milliards de dollars, que vous traĂ®nez comme un boulet Jusqu’à quand le traĂ®nerons-nous, ce boulet ? Si j’avais l’argent pour rembourser ces milliards, croyez-moi, je n’hĂ©siterais pas. Le simple service de cette dette nous coĂ»te 30 Ă 50 millions de dollars par mois ! Rien qu’avec cette somme, nous pourrions transformer Kinshasa. Notre objectif est donc clair atteindre le plus vite possible le point d’achèvement de l’initiative PPTE2.Lors de notre dernier entretien, en avril 2006, vous aviez confessĂ© votre admiration pour Che Guevara. Mais on me dit qu’en rĂ©alitĂ© votre vraie rĂ©fĂ©rence, c’est Thomas Sankara, le prĂ©sident burkinabè assassinĂ© en 1987. Exact ?Pourquoi ? Comment le dire sans heurter qui que ce soit ? Sankara Ă©tait un visionnaire. J’avais 16 ans quand il est mort. Je crois qu’il s’est sacrifiĂ© pour nous. Il nous manque beaucoup, voilĂ leçon vous a-t-il apprise ? La fiertĂ©. Si les Congolais retrouvent le sens de la fiertĂ© et si j’ai pu contribuer Ă rĂ©unir les conditions pour que mon pays soit un jour la Chine de l’Afrique, j’aurais accompli ma Congo, comme ailleurs, l’activisme des Chinois inquiète les Occidentaux Mais pas les Congolais ! Lorsqu’il s’agit de refaire le grand boulevard Lumumba qui relie Kinshasa Ă l’aĂ©roport de N’Djili, l’Union europĂ©enne renâcle et la Chine offre ses services. Si c’est notre bien et notre dĂ©veloppement que veulent nos amis occidentaux, ils devraient donc s’en Ă©pouse, Marie Olive Kabange, s’est dĂ©menĂ©e pendant la campagne Ă©lectorale. La première dame ferait-elle de la politique ? Non, je ne le pense pas. C’est une personne tout Ă fait dĂ©terminĂ©e, c’est vrai, et qui m’a beaucoup aidĂ©. Mais elle a aussi ses activitĂ©s propres dans les domaines caritatif et un atout pour vous ? Un atout et une chance. La femme est l’avenir de l’homme, dit-on. Et les Congolaises sont l’avenir du Congo.
le pessimisme est d humeur l optimisme est de volonté